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Santé et Emploi
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La réflexion part du fait qu’actuellement le travail est un problème pour beaucoup de personnes, un problème qui a des conséquences sociales dramatiques. Le travail est LE moyen par excellence d’être quelqu’un dans la société. Il reflète les aspirations de chaque individu à “faire quelque chose de sa vie”, à se réaliser. C’est aussi lui qui donne l’accès à une vie sociale assurée. On peut être timide, célibataire et sans amis, dans le monde du travail on sera toujours quelqu’un, on sera toujours utile, on sera toujours amené à rencontrer du monde.
Sur le premier point de la réalisation personnelle, le problème majeur aujourd’hui est la logique de désengagement de certaines grandes structures (publiques ou privées) dans le rapport humain, le rapport à leurs employés. On a pu voir avec France Télécom, que ce désengagement du rapport humain, permet ensuite de traiter l’humain comme un stock, d’en faire un facteur dune logique économique quelle qu’elle soit. Cela mène à mettre le facteur humain sur le même plan que le facteur capital, à contrebalancer l’un et l’autre dans une dynamique, le plus souvent, de maximisation des profits. Sauf que l’humain n’est pas la machine, que son emploi ou son non emploi n’est pas sans conséquence sur la société. De même que son rendement, et l’appréciation qui en est fait, n’est pas anodin.
De ce fait, nous devons, dans un monde globalisé, où les firmes transnationales ne prennent plus le temps du rapport humain (parfois pas tellement moins que les grandes institutions publiques: éducation nationale par exemple), trouver des solutions pour que nos sociétés ne souffrent pas massivement de ce désengagement. Face à des salariés meurtris à leur travail, ou licenciés pour des raisons économiques, nous devons trouver des solutions en termes de santé.
Nous pensons qu’il est nécessaire de mettre à la disposition des salariés de grandes et petites structures (publiques ou privées) des écoutes psychologiques régulières, et accrues en temps de crises économiques, de remaniement économique, de délocalisation…etc. Nous retrouvons d’ailleurs ici la pénibilité psychologique, et son évaluation dans le monde du travail. Des entretiens individuels, évaluant les risques de crise psychologique, morale, sociale, doivent être mis en place. Ces entretiens pourraient être menés par des professionnels du secteur de la santé, des psychologues, des assistantes sociales…etc.
Et au delà de la situation difficile au travail, il est particulièrement nécessaire de faire quelque chose pour les personnes licenciées. Notamment pour les personnes plus âgées, qui ne retrouveront peut être jamais de travail. Ces personnes, et elles sont nombreuses, se retrouvent coincées dans ce qu’on pourrait appeler des trappes de chômage. Elles se voient alors rapidement coupées du monde, coupées de revenus, mais aussi de relations sociales. Elles ne se sentent plus utiles, ni à la société, ni à elles mêmes. Si les suicides de France Telecom ont été largement relayés, du fait qu’ils impliquent la responsabilité d’une grande firme et des méthodes visibles de harcèlement, on ne parle pas suffisamment des suicides et des dépressions des personnes qui, ayant perdu leur emploi et n’en ayant pas retrouvé, se trouvent coupées du monde de façon définitive.
Nous devons mettre en place un suivi des personnes licenciées, et envisagées des suivis psychologiques de long terme pour les chômeurs de longue durée (dans la mesure du possible: cela implique que la personne est connue du Pôle Emploi, et qu’un professionnel de la santé a fait une déclaration concernant l’état psychologique de cette personne).
Par ailleurs, il est essentiel de donner à la médecine du travail tous les moyens nécessaires pour mener à bien ses missions de préventions des accidents du travail, des maladies professionnelles et l’insertion des travailleurs handicapés ou atteints d’une maladie chronique nécessitant des aménagements de postes. Nous devons également nous battre contre l’amendement glissé au parlement dans le texte sur la réforme des retraites plaçant les médecins du travail sous la responsabilité de l’employeur, faisant ainsi perdre toute indépendance à la médecine du travail !